mardi 28 février 2012

BIENNALE DES LIONS 2012



Aujourd'hui, j'ai envoyé mon projet pour la prochaine Biennale des Lions, le sujet était consacré à l'anniversaire de l'indépendance de l'Algérie:

Quand le Lion de Numidie
prenait
La Louve Romaine
à la gorge

Ce symbole d’indépendance de l’Algérie, alors la Numidie, me paraît plus distancié, donc moins douloureux à évoquer qu’une image plus « collée » au cinquantième anniversaire de la libération de l’Algérie.
L’Histoire, via Salluste, nous fournit ce magnifique exemple :
Lors de l’expansion de la colonisation romaine en Afrique du Nord, un farouche guerrier du nom de Jugurtha, petit-fils du roi Massinissa, surnommé le Lion de Numidie, fit trembler l’Empire Romain, déjà présent à Carthage.

Je suis née en 1954, avec cette guerre, dans une famille de la bourgeoisie lyonnaise qui croyait au « devoir de civilisation » et qui défendait donc « L’Algérie Française ».
Il m’aura fallu un grand nombre de secousses intimes pour m’éloigner des convictions de ces parents que je chérissais, homme et femme d’honneur à la forte personnalité, et pour forger douloureusement ma propre façon de penser .
Cette réflexion m’amène à citer mon cher Musset avec un extrait d’ « Une Soirée Perdue » :
Notre siècle a ses mœurs, partant sa vérité
Celui qui l’ose dire est toujours écouté !
La vérité de mes parents, nés bien avant la guerre de 1914, n’est plus la mienne.
Le discours du Docteur Mohamed Attia, lors de sa remise de Légion d’Honneur, m’avait déjà interpellé, je songeais à ce moment là au chemin parcouru en écoutant avec émotion le récit de son enfance à Lyon au coté d’un père militant FLN !
La domination d’un peuple étranger sur un autre par la force me semble une intrusion intolérable, indéfendable à ce jour, c’est un viol, comme l’est la présence chinoise au Tibet, terre spirituelle par excellence….J’ai encore en mémoire les mots de mes parents, toujours eux, avouant leur terreur à l’idée de devenir allemands et prénommant ma sœur née en 1941, France, comme un cri de désespoir, eux qui pensaient pourtant que le héros de Verdun serait un aussi brillant chef d’état qu’il n’avait été un grand chef de guerre en 1918 !
Je serai à tout jamais nostalgique d’un équilibre culturel tel qu’on pouvait l’imaginer à Grenade, avec l’apothéose de ce merveilleux art mauresque né des mains d’artisans hispano-arabes au service d’une culture et d’une pensée raffinée.
Est-ce utile de rappeler la richesse produite par les mélanges de civilisations, les échanges de réflexion sur les grandes idées humaines ?….j’espère que de notre histoire d’amour et de haine avec l’Algérie, le temps aura permis de murir une relation moins passionnée, mais bien plus passionnante, une nouvelle amitié faite de respect mutuel et désir d’échanges constructifs entre alter ego.